mercredi 21 mars 2007

Enseignants : déclaration de José Bové

Enseignants : déclaration de José Bové, une gauche alternative !

Aujourd’hui, des millions d’enseignants du second degré sont en grève à l’appel de la plupart des syndicats. La politique menée depuis cinq ans par l’UMP et l’UDF (de Robien) conduit à mettre en péril la qualité du service public d’éducation. En effet, pour 2007, 5 000 postes sont supprimés. Cela conduira notamment à des classes surchargées et à l’impossibilité de dédoubler un certain nombre d’heures de cours, notamment en langues.

Il n’est pas acceptable que la Nation maltraite les enseignants comme la droite le fait depuis cinq ans : perte importante du pouvoir d’achat, dégradation des conditions de travail, injonctions pédagogiques dignes d’un autre temps.

Je soutiens les actions que mènent les enseignants pour un service public de qualité et la réussite de tous les élèves.

Je demande l’abrogation de la loi Fillon et des décrets de Robien sur le temps de travail (qui conduisent à une perte sèche de 150 € par mois) et la bivalence.

Un pays comme la France a besoin d’une école qui permette à tous les élèves d’accéder à un haut niveau de culture commune. Les propositions Sarkozy – Bayrou – Royal ne s’inscrivent pas dans cette démarche.

José Bové, le 20 mars 2007 à Paris

CE QUE NOUS VOULONS, CE QUE NOUS FERONS
L’éducation, la formation doivent devenir une priorité nationale. Le Service Public de l’Education a été durement attaqué, fragilisé par des contre-réformes libérales. Pour faire réussir partout, tous les jeunes, nous voulons nous donner les moyens d’un grand service public national, laïque de l’éducation, fondé sur la gratuité réelle de la maternelle à l’université.

1. La loi Fillon sera abrogée. Socle commun, “ apprentissage junior ”… les lois et dispositifs qui consacrent renoncement éducatif et tri social doivent disparaître. Une loi de démocratisation du système éducatif sera donc mise en chantier, fondée sur le droit et la capacité de chacun d’accéder à l’éducation, la lutte contre les inégalités scolaires et territoriales, la gratuité, la laïcité et une réelle mixité sociale.
La réussite de chaque élève sera au centre de notre projet d’école. L’objectif d’amener enfin toute une classe d’âge jusqu’au bac (au moins 50 % à un diplôme de l’enseignement supérieur) est un défi, une nécessité pour les années à venir.
L’obligation de scolarité commencera à 3 ans et sera portée à 18 ans, avec un développement de la scolarisation dès 2 ans. C’est l’État qui sera garant de l’égalité d’accès sur le territoire à l’éducation (créations de postes, financements, obligations légales et péréquations pour les collectivités territoriales…). L’apprentissage ne pourra pas concurrencer les formations initiales publiques. Le caractère national des diplômes sera préservé, le bac restera le diplôme garantissant l’accès aux études supérieures, sans sélection à l’entrée à l’université. L’État s’engagera à ce que chaque jeune sorte du système éducatif avec une qualification ou un diplôme. Un processus d’intégration dans le service public d’éducation sera engagé.
2. Enseignants, personnels, élèves, parents... tous les acteurs de l’école seront associés aux décisions. La création d’observatoires locaux et d’un Fonds National permettra de lutter contre les inégalités scolaires et territoriales, notamment par des préconisations, la révision et le suivi de l’application de la carte scolaire pour assurer une réelle mixité sociale, des moyens adaptés pour accueillir les élèves handicapés dans les établissements. À titre transitoire, pour combattre relégation et ghettoïsation, des mesures spécifiques (ZEP…) seront intensifiées.
3. Un pôle public de l’édition scolaire sera créé.
4. Nous nous fixons comme objectif que tous les jeunes de ce pays acquièrent un haut niveau de culture commune permettant la maîtrise des informations, l’accès à tous les savoirs disponibles et la compréhension des cultures humaines dans leur diversité et leur universalité. Les activités socio-éducatives, le travail scolaire en autonomie, l’éducation au à l’égalité non-sexiste et non raciste seront développés. Les enseignements artistiques, l’éducation à l’image, l’éducation physique et sportive, la culture scientifique et technique, les sciences sociales, etc. seront partie prenante de l’enseignement à tous les niveaux, dans des établissements à la fois lieux de savoirs et lieux de vie.
5. Le financement des mesures nécessaires sera garanti par une loi de programmation pluriannuelle qui portera le budget du ministère de l’éducation nationale à 7% du PIB. En 5 ans, 150.000 enseignants et 45.000 personnels de santé, social, vie scolaire, CIO, entretien, etc. seront recrutés et formés sur statut Fonction publique, notamment pour prendre en charge les élèves en difficulté, accroître le personnel dans les établissements, abaisser les effectifs par classe, assurer des remplacements, dégager des moyens pour le travail de concertation des équipes et permettre une formation continue adaptée aux besoins. d’accompagnement seront formés et recrutés. Il sera procédé à un pré-recrutement d’enseignants à l’entrée ou à l’issue de la 1ère année à l’université.
6. La formation initiale et continue des enseignants, comme de l’ensemble des personnels de l’éducation sera développée en intégrant formation théorique et pratique, en liaison avec la recherche en éducation et l’université.
7. La loi Raffarin de décentralisation de l’Education Nationale sera remise en cause : les statuts des personnels TOS resteront réversibles (F.P. d’Etat ou territoriale), et leurs missions resteront définies dans le cadre de l’éducation nationale. Il sera mis fin à la logique de privatisation et d’externalisation des services (restauration, entretien…). Au contraire d’une logique d’éclatement du service public, notre projet s’appuiera sur la cohérence de véritables équipes éducatives rassemblant enseignants et non enseignants. La médecine scolaire, les services sociaux, le service public d’orientation seront renforcés et dotés des moyens nécessaires pour assurer un service de santé scolaire efficace et un accompagnement de chaque élève.



Publié le mardi 20 mars 2007