jeudi 15 mars 2007

L'identité nationale...

Alors que le ministre de l'interieur parle de créer un ministère de l'identité nationale, et que la candidate socialise n'a pour toute réponse qu'un rappel de grands pricipes. Voici le communiqué du collectif immigration et banlieue, partie prenante dans la campagne de José.

Contre un ministère de l’ennemi de l’intérieur !
Communiqué du Collectif Banlieues-immigration avec Bové, 12/03/07

« Évoquer l’identité nationale, ce n’est quand même pas dire un gros mot », proteste Nicolas Sarkozy !

Si.

La polémique fait rage, et à juste titre, après que Nicolas Sarkozy a évoqué la création d’un « ministère de l’immigration et de l’identité nationale ». Le plus souvent, il lui a été répondu, à juste titre, sur ce qu’il y a de scandaleux à mettre dans le même sac ces deux thèmes, laissant entendre que l’immigration serait cause de dommages à l’identité française.

On pourrait s’amuser de voir ces remarques faites par diverses personnalités, émanant de divers courants politiques, qui n’ont jamais hésité à mettre ensemble les mots « immigration et insécurité » (comme si l’insécurité, réelle ou supposée, résultait de l’immigration), ou encore les mots « immigration et laïcité » (comme si l’immigration faisait courir un risque particulier au principe de l’indépendance de l’État vis à vis des églises).

Dénoncer l' « amalgame entre l'identité nationale et les travailleurs immigrés » comme l'a fait laborieusement Ségolène Royal, c'est tourner autour du vrai problème, comme l'ont fait les autres critiques. Car dénoncer seulement l'association du thème de « l'immigration » à celui de « l'identité nationale » revient à trouver légitime l'objectif de préserver une « identité nationale » ; les critiques de Sarkozy la penseraient-ils, comme lui, sacro-sainte ?

Et pourtant, c'est l’affirmation qu’il existerait une telle « identité », susceptible de faire l’objet de politiques publiques, qui est en elle-même scandaleuse. Car l’identité nationale, toujours et partout, se définit par ses « ennemis », ici les étrangers.

« Beaucoup d'entre nous, individus et peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que "l'étranger, c'est l'ennemi". Le plus souvent cette conviction [...] ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit [...] alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager* ». Ces mots de Primo Levi, dans la préface de Si c'est un homme, s'appliquent bien à la situation présente.

Quand unprojet de ministère est placé sous les doubles auspices du Commissariat général aux questions juives de Vichy d'une part, et des Services des affaires indigènes dans les colonies ou en métropole sous la IIIè République d'autre part,on peut craindre que « l'idée consciente ou inconsciente » ne soit en train de se transformer en système.

José Bové est le seul candidat qui, en s'opposant clairement et résolument à la création d'un nouveau « Ministère de l'ennemi de l'intérieur », prenne la mesure du risque et s'oppose à cette transformation.

Pour information, voici ce que la candidate socialiste répond à Sarkozy :

PARIS, 12 mars 2007 (AFP) - Ségolène Royal s'est engagée lundi soir à Paris, devant un parterre d'intellectuels et d'artistes, à défendre "l'identité nationale" en promettant qu'elle ne disparaîtrait pas "dans la mondialisation ou le repli sur soi".
La candidate socialiste tenait au gymnase Japy, dans le 11e arrondissement de la capitale, la "réunion des mille", intellectuels, scientifiques, juristes, etc.
L'assemblée - un peu moins d'un millier, selon les journalistes présents - réunissait les actrices Jeanne Moreau, Emmanuelle Béart, Julie Dabezac, le comédien Charles Behrling, les chanteuses Sapho et Marianne James, l'historien Jean-Pierre Azéma, le Pdg d'Yves Saint-Laurent Pierre Bergé, et bien d'autres.
Mme Royal les a présentés comme "les successeurs de Voltaire, Zola, Gide, Vercors, Pierre Vidal-Naquet, Laurent Schwartz" qui ont tous lutté pour la dignité humaine.
Avaient aussi pris place au premier rang des politiques: le maire de Paris Bertrand Delanoë et sa première adjointe Anne Hidalgo, Jean-Pierre Chevènement, Jack Lang, des maires d'arrondissement de la capitale (Georges Sarre, Michel Charzat, Dominique Bertinotti).
La candidate a saisi cette occasion pour s'opposer ouvertement aux conceptions du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, qui a créé une controverse avec sa proposition de créer "un ministère de l'immigration et de l'identité nationale".
Ségolène Royal a aussi mis en exergue la laïcité et l'éducation, refusant de concéder à François Bayrou le terrain qu'il cherche à lui disputer.
"Au moment où le candidat de droite veut faire peur", selon elle, la candidate socialiste, sans nommer Nicolas Sarkozy, a revendiqué le concept d'"identité française" qui doit reposer, a-t-elle dit, "sur la force d'un modèle républicain rénové et sur l'actualisation de l'idée de Nation".
Selon la candidate de gauche, "c'est la Nation qui nous permet de tenir bon sur notre destin commun, sans avoir peur des autres".
"La Nation ne distingue ni Blancs, ni Noirs, ni Jaunes, ni catholiques, ni athées, ni juifs, ni musulmans, a repris Mme Royal. Nous sommes tous des citoyens de la République française à égalité de droits et de devoirs (...)".
Selon Mme Royal, "l'histoire de notre pays, c'est l'apport continu de diversités" et "la France de demain sera toujours plus diverse, mais toujours fidèle à ses origines (...)".
"Avec moi, l'identité nationale ne disparaîtra pas dans la mondialisation ou le repli sur soi", a-t-elle ajouté.
Alors que M. Bayrou, qui n'a pas voté la loi sur les signes religieux à l'école, met en avant la laïcité, la candidate PS a fait l'éloge de "la laïcité, qui libère". "La laïcité combat les préjugés, le racisme, le sexisme, elle n'acceptera pas qu'un courant de pensée remette en cause (...) l'égalité des hommes et des femmes".
La réaffirmation de l'identité passe aussi, selon Mme Royal, par "une refondation démocratique profonde" : revalorisation du rôle du parlement, "Etat impartial", resserrement "du lien entre la politique et le citoyen" (jurys citoyens, referendum d'initiative populaire, renforcement de l'indépendance de la justice).
"Je veux faire souffler un coup de jeune sur notre République. Ce sera la meilleure façon de restaurer l'idée républicaine", a lancé la candidate en rappelant que cette réforme serait "soumise par referendum aux Français".
La candidate a longuement parlé aussi d'éducation, s'engageant à ce que "la culture fasse une entrée massive à l'école".

Bové apporte encore une fois un discours alternatif à gauche sur des questions centrales aujourd'hui.